Florence Bruno: “Les polymères sont partout !”
Intégrité, performance, protection. Plus que des mots, notre mission.
Marque de sport et de technologie, Capland tire ses racines de la rue, du terrain et de l’art. Des personnalités révolutionnent chaque jour les contours de leur environnement par leur vision. Portraits de femmes, symboles de travail et de passion, au cœur de leurs actions.
Passionnée, curieuse et avec une envie d’apprendre débordante, Florence Bruno dirige les opérations du LRCCP, le Laboratoire de Recherches et de Contrôle du Caoutchouc et des Plastiques. Évoluant dans l’industrie du caoutchouc depuis plus de 20 ans, elle revient pour Capland sur son parcours, sa vision pour le futur de son secteur et le lien entre sport et technologie élastique.
Capland : Florence Bruno, quel est votre parcours ?
Florence Bruno : J’ai suivi une formation d’ingénieur ‘matériaux’ spécialisé dans les polymères (du grec [polus, plusieurs] et [meros, partie], assemblage de plusieurs monomères ; classables en 3 grandes familles : les thermoplastiques, les thermodurcissables, et les élastomères). Pendant mon cursus d’ingénieur, j’ai suivi une semaine de formation pratique ici, au Centre Français des Caoutchoucs et des Polymères (CFCP.). Ma passion pour cette ‘matière’, à l’origine de nombreuses pièces techniques, a débuté dans ces locaux.
J’ai eu de nombreuses expériences professionnelles dans divers PME, mon caractère m’imposant le fait de ne pas entrer dans une routine, avec un goût prononcé pour les challenges surtout techniques. Tout au long de ma carrière, j’ai principalement occupé des postes de responsable laboratoire et de formulation et d’atelier de production des mélangeages, répondant à des contraintes de plus en plus sévères pour les secteurs aéronautique et automobile.
Avant d’arriver au LRCCP où je suis toujours, j’ai enseigné à l’IFOCA qui est l’Institut de Formation et d’Enseignement Professionnel du Caoutchouc pendant 4 ans. Le directeur du LRCCP de l’époque me demandait régulièrement d’effectuer quelques missions sur des sujets précis de formulation, et c’est ainsi que mon aventure avec le laboratoire a débuté !
C : Quelles sont vos missions au sein du LRCCP ?
FB : Au sein du LRCCP, je suis Directrice des Opérations. Je gère l’ensemble des équipes d’ingénieurs, de techniciens et de docteurs qui travaillent au sein du laboratoire, ce qui rassemble aujourd’hui environ 30 collaborateurs. Nous sommes spécialisés dans la recherche, le contrôle et l’expertise des caoutchoucs et des plastiques. 80 % de nos prestations sont commandées par des entreprises privées, des caoutchoutiers ou des donneurs d’ordre. Ces études peuvent aller du simple essai de dureté sur une pièce à une étude de conception débutant par la définition du cahier des charges matériaux, à la formulation de nouveaux mélanges, aux caractérisations des mélanges et jusqu’à la production des pièces prototypes. Notre champ d’action est très large, et c’est ce que j’aime.
Je n’ai jamais véritablement cherché à avoir ce poste. Mes missions se sont étendues au fur et à mesure du temps au sein du LRCCP, ce qui me procure énormément de plaisir et de diversité au quotidien. Je travaille autant sur ‘le terrain’ pour apporter mon expertise à mes collaborateurs et mes clients que sur des aspects commerciaux, métrologiques, qualité… Être à la tête du navire me permet d’écrire les orientations du LRCCP. Si une nouvelle activité est identifiée et s’avère intéressante pour le développement du LRCCP, j’ai la possibilité de lancer rapidement ce projet, c’est l’avantage d’être dans une petite structure très flexible.
“Homme ou femme, nous avons tous des choses à apporter”
C : Le laboratoire travaille avec de grands groupes dans le secteur du sport. Quel est lien entre votre industrie et celle du sport ?
FB : Nos matériaux sont présents partout ! On ne le sait pas forcément mais nous pouvons les retrouver dans des ballons de basket, dans des chaussures de sports, dans des balles de golf… Pour l’industrie du sport, nous travaillons essentiellement avec des élastomères. Ils peuvent subir d’importantes déformations tout en revenant à leur état initial lorsque l’on supprime la contrainte. Ils peuvent absorber de l’énergie, comme une balle de squash par exemple, ou au contraire la restituer, comme une balle multi-rebonds pour les enfants ! Ce sont des produits formulés : en faisant varier la nature des ingrédients et leurs proportions, nous modifions leurs propriétés. Les possibilités sont presque infinies, et c’est pourquoi le sport utilise autant ces élastomères.
C : Votre industrie est en pleine mutation depuis quelques années. Quelle est votre vision pour son futur ? La place des femmes est-il un enjeu selon vous ?
FB : Je souhaite que les femmes continuent d’être de plus en plus nombreuses à évoluer dans notre domaine ! Pas simplement pour le fait qu’elles soient des femmes, mais surtout parce qu’elles ont des idées et des opportunités nouvelles à créer. J’ai toujours tenu cette ligne éthique lors d’un entretien de recrutement : travailler avec des personnes pour ce qu’elles savent et ce dont elles sont capables, pas pour leur sexe. Homme ou femme, nous avons tous des choses à apporter, surtout dans une époque où les enjeux deviennent colossaux.
Une contrainte importante s’impose depuis plusieurs années à l’industrie du caoutchouc : la raréfaction des énergies fossiles comme le pétrole. Pour des secteurs comme l’automobile et le pneumatique, la nécessité de proposer des produits à un prix compétitif ne permet pas encore de lancer de grandes recherches sur de nouveaux procédés de synthèse, issus de matières dites ‘vertes’. Le caoutchouc naturel utilisé depuis des siècles reste une solution d’avenir mais n’est pas adapté pour répondre à toutes les problématiques. Seules des industries comme celle du sport, où les prix de vente ne sont pas directement ceux de la matière mais plutôt liés à une fonction, peuvent développer et utiliser de nouveaux types de produits !
Le LRCCP, chiffres et dates clés :
Créé en 1942, le LRCCP est spécialisé dans la recherche, le contrôle et l’expertise des caoutchoucs et des polymères pour des « prestations privées » et « d’études, recherches et missions d’intérêt général ». Implanté à Vitry-sur-Seine (Val de Marne), il est situé au cœur du Centre Français des Caoutchoucs et des Polymères.
4,1 millions d’€ de vente de prestations privées
1,1 million d’€ d’études générales
35 personnes dont 70 % de docteurs, ingénieurs et techniciens
400 entreprises clientes